Lâché de Gremlins
Anarchie en Bougnoulie…
«Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas?», «On n’égorge pas le mouton dans la baignoire! », «Le bruit et l’odeur…» Du général De Gaulle à Sarkozy en passant par Chirac, les chefs d’état français, et les hommes politiques en général, se sont toujours distingués par des déclarations pleines d’amour à l’égard de leurs concitoyens maghrébins. Récemment, Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur au charisme de SS, est venu ajouter sa contribution à cette longue liste d’hommages appuyés. L’affaire suscite un tollé médiatique mais ne débouche sur aucune sanction, comme la plupart du temps. «La république m’a niqué» pourrait en conclure Mouloud. En effet, mais tu l’as quand même bien aidé! Comment diable en est-on arrivé là…
À l’épreuve du téléphone arabe version 3.0
La polémique est arrivée par un document vidéo. On y voit un groupe de personnes discuter et rire au cours d’une soirée en plein air. À première vue, ça ressemble à une ambiance de beaufs dans un camping à La Baule, mais il s’agit en réalité de l’université d’été de l’UMP, le parti au pouvoir dans notre pays. L’attraction de l’attroupement, c’est Amine, un jeune trou du cul mal fagoté qui tente tant bien que mal de masquer sa texture capillaire frisottante avec un gel «fixation forte». Le jeune «beur» à la coupe tecktonik souhaite être pris en photo avec le ministre de l’intérieur. Oui, ça existe… Moi non plus, je n’étais pas au courant. Là où certains rêvent d’être immortalisés avec Brad Pitt ou Julia Roberts, d’autres ambitionnent de poser à côté de Brice Hortefeux. Rien que cette anecdote annonçait quelque chose de pas clair… Le numéro deux du gouvernement se permet même de faire des caprices pendant que le petit bronzé attend bien sagement comme une groupie avec son appareil, avant de finalement s’exécuter. La suite, tout le monde la connaît… Un formidable concentré du cancer raciste qui gangrène la France depuis une éternité : promotion du Maghrébin idéal renonçant à la religion musulmane dans une conception très poussée de la francité qui casse la baraque («Il mange du porc, il boit de la bière»), et chute digne de la xénophobie la plus primaire («Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes»).
Sitôt révélé, ce nouveau «dossier» se répand comme une traînée de poudre sur la toile. Le téléphone arabe, c’était déjà très efficace. Ajoutez-y les mails, Facebook, Twitter et les textos, ça devient un moyen de communication qui rivalise avec la vitesse de la lumière. Satanés mangeurs de couscous… Pris de panique, le cabinet de Brice Hortefeux mitonne, ou plutôt « mythonne » quelques communiqués pour tenter de désamorcer l’affaire. Et là, on a quand même bien rigolé… « La phrase a été sortie du contexte (la fameuse formule magique), l’humour du ministre a été mal compris, il parlait des auvergnats, des photographes, de la présence des rouquins dans les équipes de foot, des shtars qu’il avait chopés au cul ». Bref, du grand n’importe quoi. Pour tout être humain doté de discernement, il est clair que le ministre récidiviste parlait des Arabes. Mais non, ils ont continué à prendre les gens pour des cons. Hors de question pour lui d’assumer ce genre de propos. Trop gros, trop risqué.
«Allo? C’est Brice, on a un problème…»
Vu que le bonhomme s’en sortait comme un manche, il a fallu appeler la cavalerie à la rescousse. On a donc eu droit à une riposte médiatique de tout l’UMP qui protestait d’une seule voix pour décrire Brice Hortefeux comme un homme chaleureux, doux et très ouvert d’esprit. Ça avait beau friser le burlesque, ils poursuivaient quand même. La palme du foutage de gueule revenant à Christine Lagarde qui a déclaré «complètement incongru d’imaginer qu’il puisse avoir du racisme dans son cœur». Bien sûr, Fadela Amara, a.k.a «super Khamdja», y est aussi allée de sa petite prose en affirmant: «Il a un humour, c’est son humour, moi j’ai un humour particulier, d’ailleurs on me reproche d’avoir un humour de quartier et je l’assume totalement.» On imagine d’ici la réunion de crise avec Hortefeux qui s’adresse à la «H’mara» : «Bon écoute Fatma, j’ai un boulot pour toi. Après tout, t’es notre petite arabe, faut bien que tu serves à quelque chose.» Elle : «Oui, Missiou. Bien sûr, Missiou. Qu'est-ce que t-il veut que ji fasse? Que ji dise que la bourqa, ci pas bien? Non, ji vais parler du ramadan, ci ça?! Faudra que ji parle en verlan ou pas? » Lui : «Non, tu vas répéter à la presse exactement ce qu’on va te dire et après tu fermeras ta gueule. Je suis dans la merde et c’est encore à cause de tes cousins…»
Il en est d’autres pour qui il n’a même pas été nécessaire de donner des instructions. Normal, ils exercent ce job de «caution» depuis des décennies! C’est le cas de Dalil Boubakeur, venu apporter son soutien «personnel» au ministre. Alors que certains l’avaient déjà enterré, le recteur de la mosquée de Paris a tenu à prouver qu’il reste le meilleur de sa catégorie. «The» Doctor ès courbettes. Une impressionnante maîtrise des secrets de la contorsion qui inspire, paraît-il, le respect des plus grands champions de breakdance du monde, époustouflés par les capacités du bonhomme à pouvoir ramper au sol avec tant d’agilité. Enfin, Jack Lang est également venu ramener sa fraise pour voler au secours d’Hortefeux. Au début, en voyant son visage apparaître à la télé lors du volet consacré à cette affaire, j’ai d’abord cru que c’était Les Guignols qui faisaient parler sa marionnette tellement il possède la même gueule de latex. Mais non, c’était bien lui! Comme tant d’autres socialistes, il prépare sans doute le terrain en vue d’un éventuel transfert à l’UMP lors du prochain mercato, à l’instar d’Eric Besson, le meilleur coup du marché jusque-là. Et en voyant la réaction de leurs anciens camarades dans cette affaire, on ne sait même plus si on doit leur en vouloir ou pas…
Le PS ressort la banane de chauffe…
Après toute cette défense pathétique du ministre de l’intérieur, conclue par un témoignage vidéo comique d’Amine, l’autre protagoniste de cette affaire, on a donc eu droit à la réplique du Parti socialiste. Benoît Hamon, leur porte-parole qui se prend pour Georges Clooney alors qu’il ressemble à son cul, a jugé les propos du ministre «honteux et inqualifiable» et demandé sa démission. Martine Aubry s’est dite «choquée et consternée». Razzy Hamadi a pour sa part déclaré «Ou il démissionne ou il s’excuse, mais s’il ne fait rien ce sera explosif et ça laissera des séquelles.» Pourtant, au moment où des paroles similaires, sinon pires, avaient été prononcées par leurs propres camarades (Valls, Frêche, Kouchner), ils étaient beaucoup moins nombreux à l’ouvrir… Ce parti a beau faire dans la gestion coloniale la plus crasse depuis des années, il ose encore la ramener sur une histoire de racisme. Même Malek Boutih, le champion intersidéral des carpettes qui se vante de manger du porc sur tous les plateaux télés, n’a pas réussi à s’imposer chez eux. C’est vous dire l’ampleur de la tâche… Pris la main dans le sac à propos d’une grossière fraude électorale (celle de leur secrétaire national, quand même!) digne d’une république bananière, le PS se permet malgré tout de donner des leçons de morale aux autres. Mobilisant ici et là leurs militants d’origine couscoussienne, il organise quelques rassemblements, plutôt pitoyables, pour exiger la démission d’Hortefeux. Certains «camarades», naïfs et de bonne foi, y participent en pensant que la démarche porterait éventuellement ses fruits. Les Arabes et leurs «sympathisants» d’un côté, le meilleur poto de Sarko et numéro 2 du gouvernement de l’autre. Avouez que ça partait mal…
Les manifestants auront beau faire cinquante fois le trajet République-Nation, en braillant «Brice facho, le peuple aura ta peau», il n’y aura ni démission ni excuses. Aubry, Hamon et Hammadi le savent parfaitement. D’ailleurs, ils se tapent éperdument des propos du ministre de l’intérieur. Les socialistes préparent simplement les régionales de 2010. Étant donné l’état de déliquescence de leur parti, qui n’a absolument rien à proposer, ils comptent sur ce genre de plan pour rallier les votes des «bronzés» et des antiracistes. En réalité, c’est dans ce genre de situations qu’on arrive à identifier les gens «en chien», ceux qui veulent faire parler d’eux à n’importe quel prix. Un genre de révélateur de galériens en somme. Autre exemple de charognard, Charlie Hebdo, en chute libre depuis quelque temps (notamment après le départ de Siné), a saisi l’occasion pour lancer une pétition contre Hortefeux. Ces mêmes lâches, qui ont traîné dans la boue des millions de musulmans en exploitant le filon des caricatures de leur prophète, osent aujourd’hui se poser en défenseur de cette frange de la population. Hallucinant…L’opportunisme n’a pas de limite, même chez les journalistes.
Leur pire cauchemar
La vraie raison du dérapage d’Hortefeux, il est temps de vous la révéler. Empruntant une théorie sans doute pondue par Finkielkraut, le ministre de l’intérieur est convaincu que les Arabes appartiennent à la race des gremlins, ces petits lutins farceurs mais néanmoins hostiles qui se multiplient en absorbant de la nourriture après minuit. Apprenant récemment l’existence du ramadan, où ces mêmes gremlins supposés musulmans s’alimentent toutes les nuits, Brice a été pris de panique. En apercevant Amine, le beur Tecktonik, il a craqué en confiant ses craintes pour l’avenir de la France, susceptible d’être mise à sac par le décuplement de ces sales bestioles. Qu’il se rassure, contrairement au scénario du film américain, les gremlins de l’hexagone n’ont certainement pas l’intention de prendre d’assaut les villes du pays. L’expérience des émeutes de 2005 a prouvé que cette démarche de sédition ne menait nulle part, si ce n’est à quelques mesures bidons pour calmer les esprits. Le rapport de force doit avoir lieu sur le plan politique, nous dit-on. Problème : les «minorités visibles» qui militent dans les partis (Tozer ne vous oubliera pas…) continuent de se disputer les miettes qu’on daigne leur accorder pour être ce fameux «Il en faut toujours un» souligné par Hortefeux dans la vidéo. Quant aux électeurs «issus de la diversité», ils continuent pour la plupart de voter pour ces partis traditionnels qui les méprise au plus haut point.
Dans ce contexte, comment blâmer ceux qui brandissent le pire ennemi du politique : le boycott. Essayez par exemple de dire à un militant que vous n’irez pas voter et que vous allez encourager vos proches à faire de même, vous verrez sa réaction… La dernière fois que j’ai fait l’expérience avec une «camarade» socialiste, elle a bondi, les yeux rouges de haine, en me menaçant du doigt pour me dire que «je n’avais pas le droit.» C’en était moins une pour qu’elle me saute à la gorge et me plante ses griffes acérées par l’ambition sans limite de devenir un jour une «élue de la diversité.» Si demain, ces mêmes bronzés de service décidaient de réclamer à l’unisson un traitement égalitaire, sous peine de rendre leur tablier de larbin, les dirigeants des grands partis y réfléchiraient certainement à deux fois avant de continuer à les traiter comme de la merde. Pire, si demain, les votants d’ascendance crouille et d’obédience négroïde – bref «Tout ce qui n’est pas blanc» comme disait Malcolm X – optaient pour une grande mutinerie électorale, voire économique1, l’affaire prendrait une tout autre ampleur. Ainsi, citoyens lambdas, activistes associatifs – et peut-être même dans un sursaut d’orgueil, militants de la diversité – seraient bien tentés un jour d’organiser le plus grand lâché de gremlins jamais réalisé en direction de l’Elysée, de Matignon ou de l’Assemblée nationale. Non pas pour tout casser mais se torcher avec leurs cartes d'électeur, et balancer le tout dans un immense feu de joie. Avec une belle affiche en tête de manif : «Tant que ça continuera, on recommencera!» C’est peut-être votre rêve, c’est sûrement leur pire cauchemar…
En attendant, étant donné la récidive des protagonistes, et en vertu du devoir d’informer qui m’est conféré,
M. Brice Hortefeux, pour vos préjugés sur les gremlins et votre mauvaise foi à reconnaître la véracité de vos propos,
Socialistes, pour actes de corruption caractérisés envers vos propres militants «issus de la diversité» et délit aggravé d’opportunisme en vue d'exploiter une situation à des fins électorales,
I TOZ YOU !!!!!
Johnny Tozer
1. Suite à l'affaire Hortefeux, l'idée d'une "journée sans immigrés", à l'instar de ce qui avait été réalisé par les latinos aux Etats-Unis le 2 mai 2006, est actuellement lancée par des internautes. Voir le groupe Facebook à ce sujet.