Jeûne du Ramadan: «On refait de la merde» sur RTL

Publié le par Jack Tozer

«Qu'elle est douce cette petite musique qui sonne à mes oreilles...», c'est ainsi que Christophe Hondelatte accueillait la rentrée de  l’émission On refait le monde, le 24 août sur la radio RTL. Si les esgourdes de l'animateur frétillaient de plaisir, il en est d'autres pour qui, à l'énoncé du casting et du thème abordé, le sourcil se levait pendant qu’ils s’échauffaient les tympans: Jean-Luc Mano (tempéré donc épargné), Joseph Macé-Scaron, Alain Duhamel et Elisabeth Lévy réunis pour parler du ramadan. Appréhension légitime, tant les convives se sont lâchés dans une dégustation de muslims à la sauce facho-laïcarde. Décryptage... Sous forme de menu Tozer !

 

Langue de collabeur en entrée 

 

La discussion s'annonce comme le prolongement d'une interview de l'inénarable Abdelwahab Meddeb parue dans Libération. L'autoproclamé guérisseur d'un islam cancéreux. Le musulman adoubé qui, entre deux décrottages d'orteils, doit rêver d'écrire une comédie musicale titrée Du pain, du vin, du boursin... L'islam en folie ! L'intellectuel qui, sur le plateau de Ce soir ou jamais (France 3), louait la guerre menée par ses «frères américains» en Afghanistan, et en écartait les milliers de victimes innocentes d'un cinglant «C'est collatéral». Dans son entretien, notre ami généralise une application coercitive du ramadan, dans un constat péremptoire selon lequel le jeûne serait «essentiellement un phénomène social» où s’exercerait «une forme de police des moeurs».


Il n'en fallait pas plus aux invités chargés de refaire le monde pour affûter leurs couverts, pressés de se farcir «la religion de la peur» préparée aux petits oignons par leur soubrette «Abdelwabad», comme le nomme Hondelatte. Quinze minutes... C'est le temps consacré par le programme à ce que l'animateur présente comme «un sujet de société extrêmement sérieux». Premier bug: le ramadan est-il à ce point saugrenu qu'il faille l'annoncer ainsi ? Sérieux, pas sérieux... Quand le solennel sert de vaseline au sensationnel...

 

Dinde écervelée...

 

Premier coup de fourchette d'Elisabeth Lévy, toujours prête à ouvrir son clapet aux harmonies disgracieuses et jouer l'oraison funêbre des interactions franco-islamiques. Elle commence par dresser le portrait de Meddeb: «une personnalité singulière dans le monde islamique», car «universitaire très calé, théologien, progressiste et courageux». La gouailleuse prépare le terrain. Induisant, l'air de rien, l'image d'une «nébuleuse musulmane» dominée par l'obscurantisme, où une position dite «éclairée» relève de l'acte de bravoure. Arguant d'une «pression, voire une oppression sociale», elle affirme: «On voit des gamins se faire casser la gueule parce qu'ils ne font pas ramadan, c'est un peu la même chose que les filles qui ne peuvent pas mettre de jupe».  Pour étayer ses dires: un rapport dont elle ne cite bien sûr pas la source, tout en lançant «qu'on n'a pas besoin d'enquête sociologique». Sur ce flagrant délit de désinformation – que personne ne relève – elle s'autorise à fatwaïser «des gamins que l'on voit devenir des fous du ramadan, alors qu'ils ne connaissent pas un mot du Coran». Raccourci, affirmation à la volée, imagerie violente… L’open bar est ouvert !


Mais on atteint un hors limite intersidéral quand, sous prétexte que le jeûne exigerait un traitement particulier et rendrait moins productif, elle crache: «Lorsqu'un chef d'entreprise dira «Je ne veux pas cinq musulmans pratiquants chez moi» (…), vous allez voir qu'on va nous servir que c'est une discrimination épouvantable.» Perplexe devant tant de connerie, on assiste bien là, dans son inique splendeur, à une tentative de banalisation du racisme anti-musulman. Avec cette anticipation perverse, faisant référence à la Halde(1), la Machiavel tente d'orienter l'opinion publique vers une hostilité à l'égard des victimes qui se plaindraient de discrimination à l'embauche. Le plus effarant étant la hargne avec laquelle sa verve de gargouille éructante semble souhaiter que l'on en arrive là. Elle faisait bien de prévenir qu'elle allait «mettre les pieds dans le plat»...

 

... et son jambon anti-halal 

 

Un plat que la théoricienne de comptoir fait tourner à Joseph Macé-Scaron, dont la vigilance laïque dérive en obsession communautariste. Rebondissant sur les propos de la harpie, il associe les mots magiques «cité» et «repli communautaire». Cité, repli communautaire, jupes des filles... Voilà la sainte trinité de la sociologie urbano-islamophobe reconstituée. «Que ce soit (l'islam) quelque chose de social, ça a toujours été, et c'est simplement une évolution lente qui va permettre de changer les choses.», poursuit Macé-Scaron dans une sentence au simplisme aliénant.


A l'instar de la famille catho qui fait le Carême ou mange maigre le vendredi, de la famille juive qui fête Yom Kippour et mange casher, la transmission générationnelle des rites religieux est bien souvent culturelle avant de devenir – ou pas – un choix personnel et purement cultuel. En ce sens, oui, c'est un phénomène social. Et alors... S'il est accepté pour les uns, pourquoi ne le serait-il pas pour les autres ? Si, comme il le dit, «ça a toujours été», pourquoi ça devrait cesser d'être dès qu'il s'agit d'islam ?... À ce titre, semer la confusion entre l'esprit faible qui se sent contraint et celui qui subit objectivement une contrainte est malhonnête. Faire croire qu'existerait, en France, un mouvement intégriste menaçant la liberté des non pratiquants est carrément indigne.


On croit même rêver lorsque, pour soutenir sa prétendue oppression sociale structurelle, on a droit à: «Je connais un certain nombre de musulmans (...) qui diraient «Je fais le ramadan», alors que je sais, moi, pertinemment qu'ils ne le font pas.» Ah ce goût pour l'anecdote invérifiable... Avec un effet d'annnonce pathétique, l'intéressé s'en prend également au Halal, mode de consommation qu'il juge invasif. Il faudrait peut-être lui rappeler que le casher a pignon sur rue depuis des décennies, sans que l'on parle de menace communautariste. Enfin... On aura au moins appris deux choses: Joseph Macé-Scaron est capable de passer de l'islamisation des esprits à l'islamisation des assiettes comme on change de chemise. Le microcosme de Joseph Macé-Scaron est l'instrument de mesure de près de six millions de musulmans vivant en France...

 

Farandole de fromages qui puent

 

C’était sans compter l’assortiment nauséabond servi par Alain Duhamel, le Casimir du journalisme politique aux prestations ô combien percutantes. Combien de ministres ont tremblé devant cette face de faillot émoustillé, s'agitant sur son siège comme s'il avait un sextoy dans le slibard. Celui qui reconnaît n’être «pas du tout maître de ce sujet», se permet pourtant d'évoquer un durcissement du phénomène d'oppression sociale en France, mais aussi dans les pays musulmans, «où le ramadan était beaucoup moins respecté et, de fait, moins obligatoire qu'il ne l'est aujourd'hui». Ah ces muslims... Une légion de régressistes irrécupérables... Au point que le zélé pourfendeur y va de sa malsaine comparaison made in Robert Redeker. D’un côté, l’islam. De l’autre, «le christianisme et, en partie, le judaïsme», qui, elles, n'auraient pas la «volonté de récupérer la religion pour en faire le facteur d'organisation de la société».  

On aura noté l'utilisation du «en partie» à propos du judaïsme. Peut-être un sursaut d'honnêteté intellectuelle... Peut-être, l'espace d'un instant, s'est-il rappelé qu'à quatre heures d'avion et avec le soutien du monde laïc, des idéologues ont instrumentalisé le fait religieux juif pour créer un Etat… En comparaison, le petit Momo qui se planque pour manger des Kinders dans sa cage d'escalier pendant le ramadan, ça prête plutôt à sourire... Pour finir, raisin sur le couscous, notre ami fait part d'une condescendance obscène vis-à-vis de ces musulmans, qu'il «plaint vraiment de tout son cœur, car ils s’astreignent de tout». Au-delà du fait qu'ils ne lui ont rien demandé, les pauvres masochistes aux rites archaïques sauront certainement apprécier la sincérité du propos.

Dessert de TOZ

Un grand merci à RTL pour cet exercice de style, qui a vu «d’augustes journalistes» se renvoyer la balle à coups de «Moi, je connais quelqu’un, il paraîtrait, on dit que...», quand on enseigne dans les écoles de la profession que «On est un con»… Les voilà donc repus, les babines encore luisantes, satisfaits d’un matraquage de préjugés digne du choc des civilisations. Une conception unilatérale servie par l’ignorance et la volonté de voir par le petit bout de la lorgnette. Allant jusqu’à cautionner, préventivement, des comportements anti-démocratiques à l'égard d'une communauté coupable quoiqu’il lui arrive. Selon un triste adage colonial, «Un bon indien est un indien mort». A croire que, pour ceux-là, un bon musulman doit simplement cesser de l’être. Et tout ça au nom d’une laïcité qui, entre leurs mains, a décidément bon dos.

Sa dernière sortie ayant inspiré cette chienlit décérébrée, «Abddelwabad» a de quoi être fier. Lorsque Christophe Hondelatte évoque «l’interview de ce théologien qui (leur) a suggéré le sujet », on verrait bien notre ami devancer les sollicitations et se faire le VRP de son impensée auprès des médias. Un pigiste de la connerie, en quelque sorte. Cela dit, soyons indulgents avec l’indigent. Quand, à forcer sur les zlabias, on a les chicos trop pourries pour rayer le parquet, la servilité reste le seul moyen de ses ambitions. Et puisque c’est le collabeur qui a régalé, on espère que les convives lui auront au moins laissé un peu de chorba à lapper…



En attendant, pour votre journalisme approximatif… Pour vos pratiques intellectuellement malhonnêtes et fallacieuses… Pour votre dérive laïcarde et islamophobe… Pour violence en réunion sur une communauté de croyants républicains…



Alain Duhamel, Joseph Macé-Scaron, Elisabeth Lévy: I TOZ YOU !!!

Jack Tozer

 

(1) Haute Autorité de Lutte contres les Discriminations et pour l'Egalité

 

 

 

 

 

 

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B
Je me délecte de cet article! Nos compatriotes n'acceptent pas l'autre dans sa différence. Et plus, lorsqu'ils ne la comprennent pas, ils restent dans l'anecdote. Alors, pour les journalistes, à quoi bon chercher à se documenter, si des boeufs les écoutent? Trop fatigant. Aussi, l'Islam est devenu l'ennemi de l'intérieur, celui qui permet à la majorité invisible de trouver un point de convergence et une certaine cohésion. Mais quand vont-ils enfin comprendre que la différence en plus d'être un fait est un droit, et qu'un bon(ne) citoyen(ne) n'est pas forcément celui qui mange du porc, boit de l'alcool et met une minijupe?... On n'est pas couchés...
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R
salut tozer<br /> ton blog est un tres bon blog mais il est hebergé en france<br /> et il y a eu des cas de fermeture de blog hebergé en france<br /> certaines videos qui ont été hebergés sur dailymotion france ont été censurés et on peut les retrouvés sur rutube<br /> ex:la video buzz de l'agression du bus parisien<br /> http://rutube.ru/tracks/2352711.html?confirm=5f623e38bb2ceb2a0dbcddf8195352eb&v=aa0f2746e233cd4604d1116c3dd90564<br /> <br /> tu peux hebergé ton blog dans un paradis fiscal ou dans un pays exotique je te donne des liens
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K
Vraiment excellent ce blog !!! Extremement bien redigé et on sent que vous savez de quoi vous parlez ! <br /> <br /> Vous decryptez l'actualité d'une manière implacable et juste. Ca change des speudos journalistes con rompus.<br /> <br /> Je regrette juste de pas vous avoir connue plus tôt/
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Z
Amirouche, c'est toujours mieux que celui qui snobe et laisse passer et après va se plaindre d'être insulté.
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A
Je vous pleins si vous écouter de telles émissions.
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